PEU À PEU, LES GRECS SE REMETTENT À SORTIR

par MARINA RAFENBERG

GEO La Grèce revient de loin. En avril 2010, le Premier ministre Giórgos Papandréou annonçait que les caisses de l’Etat étaient vides. Comment en était-on arrivé là ?

Panagiotis E. Petrakis Au moment de son entrée dans la zone euro, en janvier 2002, notre pays était déjà miné par de nombreux problèmes : son industrie était déclinante (pas de grosses entreprises, uniquement des PME familiales), sa dette publique gonflait démesurément, et il n’était pas concurrentiel face à des pays des Balkans comme la Bulgarie, qui fournissaient une main-d’œuvre moins chère attirant les entre- prises étrangères. Même dans le secteur touristique, le deuxième pilier économique derrière la flotte marchande, la Grèce était alors devancée par la Turquie ou la Croatie, où l’hôtellerie était meilleur marché. Les Jeux olympiques organisés à Athènes en 2004 n’avaient pas eu non plus les effets bénéfiques escomptés. Les dépenses liées à l’organisation, neuf milliards d’euros, avaient fait exploser les déficits publics, passés de 3,7 % du PIB à 7,5 % à la fin de cette année-là. Puis la crise mondiale des sub- primes, en 2008, a porté le coup de grâce. Et l’emballement de la crise de la dette publique grecque a alors menacé d’entraîner l’Union européenne dans le chaos.

Entre 2010 et 2018, le pays a donc mis en place une série de plans d’austérité très sévères. Comment ont-ils affecté les Grecs ?

Toute la société a été touchée. Le PIB par habitant, indicateur que l’on utilise pour mesurer le développement d’un pays, a chuté de 25 % entre 2007 et 2016. Du jamais-vu en temps de paix ! De nombreux fonctionnaires ont été licenciés et les départs à la retraite n’étaient pas remplacés. Les Grecs ont aussi perdu beaucoup de pouvoir d’achat. Les rémunérations ont diminué. Un tiers des salariés ne touchaient plus que le salaire mensuel minimum, de 586 euros bruts (il a été augmenté à 650 euros en février 2019). Et les retraités se sont retrouvés parfois avec une pension divisée par deux…

Aujourd’hui, le gros point noir reste le chômage (notamment chez les jeunes). Après être monté à près de 28 %, il a baissé mais demeure élevé (18 %) et le plus haut de la zone euro. Des trentenaires ont été contraints de revenir vivre chez leurs parents après avoir perdu leur emploi. D’autres ont émigré dans l’espoir de trouver du travail. Il est encore fréquent de voir un jeune di- plômé, titulaire d’un master, être serveur dans un bar en attendant des jours meilleurs.

Au total, la Vouli, le parlement grec, a voté 450 réformes destinées à assainir les finances publiques. C’est à ce prix que le pays a pu s’affranchir, en août 2018, de la tutelle européenne. Est-ce la fin du cauchemar ?

Cela fait quatre ans maintenant que la Grèce remonte doucement la pente. Nous sommes dans une période de croissance : elle était de 1,8 % en 2018, et devrait attein- dre 2 % cette année. Nous sommes redevenus concurrentiels. Le tourisme et les exportations se portent bien. On le constate dans les rues d’Athènes : les bars sont pris d’assaut, les boutiques rouvrent et les chantiers de travaux publics reprennent. Omonia, par exemple, la grande place centrale, point névralgique d’où partent les grandes avenues de la capitale, est en train d’être réaménagée, les vieilles galeries abandonnées bénéficient d’un programme de la mairie pour être réhabilitées. A Syntagma, les manifestations sont moins fréquentes, la place a été restaurée avec de jolis marbres. Tout cela est porteur d’espoir mais d’autres réformes seront nécessaires, notamment dans le secteur ban- caire. La question est : la crois- sance actuelle est-elle durable, et dans quelles proportions peut- elle s’accélérer ? 

Allongement de la saison, 150 nouvelles liaisons aériennes directes, avec la Russie et la Chine notamment… la Grèce a-t-elle eu raison de miser sur le tourisme ?

Avec 32 millions de touristes cette année (contre 16,5 millions en 2011), le secteur a été le moteur de la croissance. Le tourisme a indéniablement contribué à créer des emplois et à attirer de nouveaux investisseurs étrangers. Cet essor s’explique de plusieurs façons. D’abord, malgré la hausse de la TVA (24 %), les restaurateurs et les hôteliers ont fait des sacrifices pour redevenir compétitifs. [Par exemple, en 2012, la nuité e moyenne pour une chambre double coûtait 100 eu- ros, prix bien inférieur à celui des Rivieras italienne ou française. Ce qui a notamment séduit les Britanniques. Le site anglais dealchecker.co.uk a vu cette année- là ses réservations pour la Grèce augmenter de 200 %.] D’autre part, le pays, épargné par les attaques terroristes, apparaît plussûr que certains de ses concurrents en Méditerranée. Enfin, il ne faut pas négliger les armes de soft power de la Grèce : sa culture et ses hauts lieux historiques. Malgré les craintes des archéologues, les grands sites n’ont pas été privatisés. Ils attirent un nouveau public : plus de retraités, mais aussi des Chinois, des Qataris qui profitent des nouvelles lignes aériennes. Le pays ayant assoupli la réglementation qui interdisait l’accès à ses épaves sous-marines, des amateurs de plongée viennent explorer les navires qui reposent au fond de l’eau, comme, dans le nord de la mer Egée, à Peristera, dans l’archipel des Sporades, où se trouvent les restes d’un bateau qui a coulé il y a vingt-cinq siècles, avec 4 000 amphores à son bord.

Les Grecs ont-ils le sentiment d’avoir tourné la page de la crise ?

Des mesures ont été annoncées par le Premier ministre Alexis Tsipras afin d’alléger le poids de l’austérité : diminution de la TVA sur la restauration, les produits alimentaires et l’énergie. Mais les Grecs ont tellement souffert qu’ils ont du mal, pour l’instant, à ressentir les effets de la reprise. Les salaires restent bas, les impôts élevés, mais peu à peu, ils se remettent à consommer, à aller au restaurant, à sortir au théâtre ou au cinéma, à partir en vacances dans les Cyclades ou à la montagne en Epire, dans l’ouest du pays. Pendant la dernière Pâques orthodoxe par exemple, les hôtels étaient pleins… Par ailleurs, le gouvernement a annoncé récemment qu’il pourrait rembourser de manière anticipée 3,7 milliards d’euros au Fonds monétaire international (FMI). Mais les Grecs ne sont pas dupes : ils savent que leur génération et la suivante devront payer toute leur vie pour rembourser la dette publique.

 

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